ÉCRITURE

LES LARMES D’UN VAURIEN

J’y ai dit mon p’tit chien si t’as faim, viens manger dans ma main
A m’dit mon gros chien pas d’danger même si j’crevais d’faim
C’pour ça qu’a matin, twé matin, chu tout seul dans mon bain
Ma valise, le train, personne pour m’envoyer la main

Ma maman m’a toujours dit
Un jour viendra mon petit
Tu rencontreras une fille
Chaque torchon trouve sa guenille

Dans l’train pour Québec
J’ai l’gorgoton sec
J’m’enligne bin vite vers le bar
La serveuse est jolie, a l’a un beau chassi
J’me dit wow! C’tout un pétard
J’y dis ma chérie, à quelle heure tu finis
J’te payerais bin un verre de fort
En m’sacrant dehors, a m’dit chu ceinture noire
Tu r’viens pis t’é t’un homme mort.

C’pour ça qu’a matin, twé matin, chu tout seul dans mon bain
Ma valise, le train, personne pour m’envoyer la main

Ma maman m’a toujours dit
Un jour viendra mon petit
Tu rencontreras une fille
Chaque torchon trouve sa guenille

Dans l’train pour St-Tite
La déprime m’agrippe
J’me mets a m’pencher su mon sort
Ché pas s’qui va pas
Y m’semble que je l’ai pas
J’m’haïs pis j’pense à la mort
Sur c’t’entrefait là

Doux murmure une voix, seriez pas joueur de guitare
J’me r’tourne tout surpris, elle set là qui m’sourit
Chu frappé par un rayon d’or
Maman m’avait jamais dit
Qu’un jour viendrais dans la vie
Qu’une guenille serait si belle,
Qu’elle aurait d’l’air d’la dentelle

C’pour ça qu’a matin, twé matin, ch’avec elle dans mon bain
Ma valise, le train, c’est moi qui leur envoiye la main