La triste histoire de quatre générations poursuivies par la malchance.
Je suis assis dans un train et je raconte l’histoire d’une famille, ma famille, qui subit la malchance depuis quatre générations. À l’arrière plan, des diapositives montrent des scènes de train mais aussi des scènes illustrant l’histoire racontée.
J’ai une valise et j’en sors des objets, de petites sculptures qui me font penser à mon grand-père paralysé, à mon arrière-grand-père mort assassiné sur la voie ferrée, à mon père dont j’arrive tout juste des obsèques et qui m’a laissé une boîte que je n’ouvre qu’au dernier acte. À ce moment, je suis sidéré, car elle contient le squelette du pied de mon arrière-grand-père. Je craque, me verse un sac de farine sur la tête, mes cheveux et ma barbe deviennent blancs pour symboliser la folie mais aussi pour montrer que je vieillis : je suis mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père, tous à la fois. Chacun des quatre chapitres était entrecoupé d’un interméd musical dans lequel je jouais du saxophone.
Performance exécutée
pour l'événement
Passart à Rouyn, Abitibi QC en 2000,
lors du festival international de performances Exit à Helsinki, Finlande en 2001, pour l’événement Déranger l'espace aux Îles de la Madeleine Qc en 2001, et pour le festival Via à Paris en 2001
En 1894, mon arrière-grand-père Narcisse Grégoire est mort assassiné. On l’a assommé, on l’a mis sur la voie ferrée et un train lui a passé dessus.
Ça me hantait, je voulais en parler. J’ai décidé de faire un film sur Narcisse. Je suis allé filmer dans les gares et les échangeurs ferroviaires et le film débuta, mais il me manquait l’image d’un vieux train.
Je suis tombé sur un lot de pièces de bois datant du début du siècle. C’étaient des prototypes, servant au moulage de pièces en fonte pour un moulin à papier à Gatineau. « Tout est compliqué avant d’être simple » disait Lelouch, Avec des milliers de morceaux de bois, je devais construire un train, mais comme disait Chantal la chiropraticienne qui s’occupait de mon dos : « Que tu aies un éléphant ou une souris à manger, les bouchées sont toujours de la même grosseur. » Cette locomotive devait être assez grande pour que l’on puisse y entrer, car je voulais tourner une scène où un chauffeur emplissait la chaudière de charbon. Je m’attardais à des détails comme la cloche, les cheminées, les roues, le devant auquel je voulais donner un air sacré voire presque religieux. L’arrière, quant à lui, devait ressembler à un autel païen, lieu de rituel vaudou ou quelque chose de semblable. Et, un jour, le train fut fini. Je l’ai regardé de tous bords tous côtés, j’étais satisfait. Je venais de terminer la machine qui avait tué Narcisse Grégoire, mon arrière-grand-père.
Exposé au Centre des Arts Contemporains du Québec à Montréal, en 2003.
Exposé au Festival des Arts Contemporains des Laurentides au Mont-Tremblant Qc, en 2003. Acquisition du train par le Musée du Bas St-Laurent à Rivière-du-Loup Qc, en 2004.
Installation du train en permanence au Centre d’information touristique de la vieille gare d’Edmonston, au Nouveau-Brunswick en 2007.
(Entièrement fait de pièces de bois.)
« Le p’tit Grégoire », video « Histoires en forme de train », et performances « Le train la nuit » et « Le train à Grégoire ».