ALZHEIMER SOCIAL
Un coq, appelons-le : Georges, Brian ou Saddam, peu importe, mais disons Georges puisqu’il faut lui choisir un nom.
Étant le coq d’un important poulailler, Georges avait l’habitude de se percher sur n’importe quoi du moment que ça l’élevait en haut des autres, que ça le mettait en valeur et affichait sa supériorité.
En général, les poules et les poul;ets de son clan, non seulement acceptaient son attitude, mais l’encourageaient. Ils aimaient l’idée, demandez-moi pas pourquoi, de faire partie du plus important poulailler au monde. De ce fait, Georges avait carte blanche et jouait son rôle à merveille. À chaque nouvel élément introduit dans la basse-cour, Georges voyait un nouveau piedestal et entendait déjà les oooh! et les haaa! lorsqu’il s’y percherait.
Un jour, le fermier vint pour tuer ses volailles. Devant Georges et d’autres poules et poulets qui n’avaient pas atteint l’âge requis pour mourir ou qui servaient à la reproduction. Il fit un carnage avec sa hache. Les épargnés restèrent figés et tous pleurèrent et crièrent. Suivit une grande période de tristesse. En fait, pas si grande que ça, quelques jours. Georges le coq se sentait piteux et cet état de chose lui était insuportable. Il regardait tout autour pour trouver quelque chose qui le remonerait, lui et son peuple. Par un drôle de hasard, le fermier avait laissé sa hache plantée sur le bûcher.
« Enfin un podium » s’écria-t-il en sautant à pattes jointes sur le manche de la hache. Les poules et les poulets, oubliant leur peine, applaudirent tous à leur façon, en battant des ailes. Ils avaient oublié ce que représente une hache pour eux. C’est ce que j’appelle : ALZHEIMER SOCIAL.