TI-ROUGE ET GAZETTE
J’ai toujours aimé me promener au parc Lafontaine. Par une belle journée d’été ensoleillée, alors que j’y flânais, deux hommes, assis sur un banc, m’interpellèrent. Ils étaient en train de boire un liquide pour le moins hilarant car ils se passaient une bouteille et rigolaient comme des bossus. Je me suis approché d’eux et ils m’ont demandé si je n’avais pas un peu de monnaie. Je leur ai répondu: «J’vous gage que j’en ai moins qu’vous autres.» Alors l’un deux me dit: «D’accord, on vide nos poches et si t’as dit vrai, on partage notre bouteille avec toi. Sinon, tu nous en achètes une autre.» J’étais d’accord. On vida chacun nos poches, ensemble ils avaient 4,65$ et moi j’avais 83 cents. Alors, en bons joueurs, ils m’invitèrent à boire avec eux. On s’est tous les trois assis sur le banc et ils me tendirent la bouteille. Je l’ai regardée, elle n’avait pas d’étiquette et contenait un liquide blanchâtre. Je leur ai demandé ce que c’était. Ils m’ont répondu: «On appelle ça du lait d’coco. Bois la bouteille avec nous, on t’expliquera ça après.» Bof! Pourquoi pas? ils n’avaient pas l’air malheureux. On a donc bu la bouteille ensemble pendant qu’ils me contaient leur vie. Ils avaient 35 et 37 ans, je leur en avais donné 60 et 65, sans blague. Mais c’était de beaux bonshommes ayant mérité et assumé chaque ride de leur visage. |